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En 2007, le numéro un mondial des constructeurs de voiliers passe le milliard d’euros de chiffre d’affaire. Avec 19 filiales et près de 30 sites de production à travers le monde, l’entreprise, créée en 1884 est devenue une référence du yachting international. La quasi-absence de réelle concurrence, un « trésor de guerre » substantiel et un savoir-faire unique en ont fait un véritable empire industriel et familial.
Au cœur d’une crise qui n’épargne personne, l’entreprise fait figure d’exception. Mais pour combien de temps encore ? Désormais à la croisée des chemins, un choix s’impose : rester fidèle aux anciennes méthodes de management et de communication ou au contraire, s’adapter et accepter les changements imposés par la crise. Voilà sans doute l’un des plus grands défis auquel elle se trouve aujourd’hui confrontée.
Au-delà de son témoignage personnel et riche de son expérience ouvrière, l’auteur se livre à de plus larges réflexions sur l’entreprise et le management des hommes et des femmes qui en sont la première richesse. Au cœur de la crise, la coopération, le respect de la personne humaine, l’amour du travail bien fait, la justice, la vérité et la beauté sont autant de valeurs universelles à même de repousser le mal qui nous ronge. Car, si comme l’a démontré Émile Durkheim, la société est le berceau des forces religieuses, l’entreprise aujourd’hui est véritablement le lieu de la création du monde.
La volonté de dire
Préface de Gérard Mordillat
Selon Zola, s’emportant contre la Commune et les communards dont il craignait qu’ils lui volent ses économies, le peuple serait insensible au beau. Par nature sa condition oscillerait entre l’ivrognerie et la débauche ; il lui apparaît donc non seulement légitime mais nécessaire de le réprimer sans merci, de le dresser, de le mater. Ces propos répugnants d’un bourgeois des lettres ont fait long feu. Encore aujourd’hui une malédiction, voire un atavisme, frapperait le peuple, la classe ouvrière, les salariés, tous ceux qui travaillent de leurs mains. Travailler de ses mains non seulement ne nécessiterait aucun savoir, aucune adresse, mais viderait la tête de toute pensée, le cœur de tout sentiment. Qui n’a entendu tel ou tel ministre de l’Éducation nationale – de droite comme de gauche – professer que les études techniques, l’apprentissage, le compagnonnage étaient la destination naturelle des enfants des banlieues surpeuplées, de ceux de l’émigration, des classes sociales les moins favorisées ? C’est un lieu commun solidement enraciné : le peuple n’a rien sous le crâne, tout dans les bras et pour devoir de « reconstituer sa force de travail » comme dirait Marx, pour recommencer perpétuellement les travaux qu’on lui impose. Cette idée est fondatrice de la prophylaxie policière. Hier comme aujourd’hui, les hommes et les femmes de « la France d’en bas » doivent être attachés à l’usine, au chantier, aux bureaux, aux besognes les plus viles, les plus éreintantes pour qu’épuisés par ces tâches, garrottés par les dettes, les bras gourds, les jambes entravées aucun d’entre eux, aucune d’entre elles, ne songe à s’insurger contre le sort qui lui est fait ; à remettre en cause la hiérarchie dans l’entreprise miroir de la hiérarchie dans la société ; à redéfinir l’organisation du travail, à discuter la répartition des richesses produites et la légitimité du capital.
Bref, à faire travailler sa tête. Sébastien Junca a fait travailler la sienne, bravant la malédiction pesant sur le monde du travail et les présupposés diffamants qui l’accablent. Pendant un an, il a tenu le journal « des faits les plus marquants du management » dans l’entreprise qui l’emploie, un grand groupe de 19 filiales et 30 sites de production, comptant 6143 salariés. Ce n’est pas le voyage au bout de la nuit mais le voyage au bout de la logique néo-libérale où l’individu disparaît tout entier, n’est plus qu’une variable d’ajustement dans les réorganisations perpétuelles des ateliers. Gouverné par la peur, le (ou la) salarié(e) n’est plus rien ni personne, condamné à taire son savoir et sa parole, à faire profil bas et à obéir sans discuter à la hiérarchie sous peine de vexations, de réprimandes, de sanctions pouvant aller jusqu’au renvoi définitif.
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