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À Madame…
Nous étions sept dans le break, quatre femmes et trois hommes,
dont un sur le siège à côté du cocher, et nous montions, au pas des
chevaux, la grande côte où serpentait la route.
Partis d’Étretat dès l’aurore, pour aller visiter les ruines de
Tancarville, nous somnolions encore, engourdis dans l’air frais du
matin. Les femmes surtout, peu accoutumées à ces réveils de
chasseurs, laissaient à tout moment retomber leurs paupières,
penchaient la tête ou bien bâillaient, insensibles à l’émotion du
jour levant.
C’était l’automne. Des deux côtés du chemin les champs dénudés
s’étendaient, jaunis par le pied court des avoines et des blés
fauchés qui couvraient le sol comme une barbe mal rasée. La terre
embrumée semblait fumer. Des alouettes chantaient en l’air,
d’autres oiseaux pépiaient dans les buissons.
Le soleil enfin se leva devant nous, tout rouge au bord de
l’horizon ; et, à mesure qu’il montait, plus clair de minute
en minute, la campagne paraissait s’éveiller, sourire, se secouer
et ôter, comme une fille qui sort du lit, sa chemise de vapeurs
blanches.
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2012
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