Thème :
Essai - Politique - Scolaire - Education
La quatrième de couverture
Lorsque nous entamons la pente descendante de la vie, bien passée la cinquantaine, le souvenir de l’enfance prend un drôle de goût. Cela va de la douceur à l’amertume, du regret au remords. Les réminiscences du passé arrivent parfois avec une acuité terrible et d’autres fois elles sont enveloppées dans un coton vague et flottant.
Nos morts nous reviennent seuls ou par groupes, ils nous font quelquefois des clins d’yeux, l’air de nous dire « ne t’en fait pas ». Même si leurs tombes sont muettes, ils continuent de vivre par notre pensée. Je crois que l’on est tout à fait mort quand personne ne pense plus à nous. J’ai la chance ou le malheur d’avoir une excellente mémoire. Mon enfance est encore là, sous-jacente à ma vie actuelle. Ses blessures sont toujours vives, et ses joies étonnement présentes. Mon enfance est si loin et si proche. Il me semble que je suis adulte depuis une éternité et dans le même temps je sens toujours frémir cette période improbable qui est d’une durée étrange. Le temps de l’enfance est interminable, il me semblait alors que cela ne pouvait finir, pourtant j’avais envie d’être un homme, de grandir, de m’affranchir. Aujourd’hui je ne sais pas si l’homme que je suis devenu est estimable, mais la voie j’ai choisi, les choix que j’ai fait m’ont convenu. je n’en sais rien. Je vie, Jusqu’à présent j’ai fait de mon mieux.
J’ai le sentiment que les journées sont plus courtes, les saisons se succèdent plus rapidement, l’année dure à peine six mois, et c’est déjà noël. Je n’aurais jamais cru qu’il fut possible du temps de ma jeunesse que la vie fut si courte, qu’il faille faire le deuil d’autant de personnes chères à mon cœur, de voir grandir si vite mes enfants, et les voir devenir des adultes à leur tour parents.
Mais à quoi bon énumérer des évidences déjà dites tant de fois par tant de personnes. Cela n’a aucun sens, les souvenirs sont les mêmes pour tous les êtres humains, à quelques nuances prés. Ces différences infimes justifient-elles autant de littérature ? Sommes-nous tous si étrangers les uns aux autres pour éveiller une curiosité sur nos propres vies, les turpitudes humaines sont-elles si variées que chacun en veuille faire l’état ? Ne serait-ce pas plutôt nos ego démesurés qui nous entraînent à raconter nos histoires, à faire un bilan de notre vie, à tout prix laisser une trace si noble ou vile soit-elle ?
La première page
La deuxième guerre mondiale était terminée depuis neuf ans lorsque mon postérieur prit l’air pour la première fois, un dimanche de mai consacré par Pétain à fêter les mamans. Neuf années auparavant mon père était libéré du camp de Mathausen. Une vie débutait, la mienne, dans un coin du Comtat Venaissin, abrité du Mistral par de grandes haies de cyprès.
Je suis venu au monde avec les cerises en mai 1954 à Cavaillon dans la Comtat Venaissin. J’ai grandi en toute liberté à la campagne. Je suis allé à l’école primaire du petit village de Lagnes, dans les mont du Vaucluse. Puis le collège à Cavaillon et le Lycée à Isle sur Sorgue. Ma vie...