Thème :
Littérature
La quatrième de couverture
Le pastiche, loin d’être une simple imitation, est pour moi un dialogue intime avec les géants
de la littérature. C’est un exercice de style, certes, mais surtout une invitation à explorer les
rouages profonds de l’écriture des maîtres, à comprendre comment leur pensée se tisse dans
leur prose, comment leur vision du monde se révèle à travers chaque mot, chaque tournure de
phrase. Ce recueil est le fruit de cette fascination, une tentative humble mais passionnée de me
glisser dans la peau de ces voix inoubliables.
Chaque pastiche ici présent est une exploration d’un style singulier, une immersion dans
l’univers d’un auteur qui a marqué son époque et continue de nous influencer. De la fresque
balzacienne aux analyses flaubertiennes, en passant par les chroniques des Goncourt,
l’indignation de Michelet, la finesse de Renan, ou le jugement implacable de Saint-Simon, j’ai
cherché à capturer l’essence de leur génie.
Le fil conducteur de ces explorations est souvent l’intrigue du diamant, un motif récurrent qui,
par sa nature même – sa valeur, sa beauté, sa rareté, mais aussi sa capacité à susciter la
convoitise et l’escroquerie – offre un prisme fascinant pour observer la nature humaine à
travers les sensibilités de chaque écrivain. Cette affaire du diamant se décline et se
transforme, révélant les préoccupations sociales, morales et philosophiques propres à chaque
époque et à chaque style.
Pour chaque pastiche, vous trouverez une critique détaillée. Ces critiques ne sont pas là pour
juger mon propre travail, mais pour éclairer les choix stylistiques et thématiques que j’ai
tentés. Elles visent à décortiquer les mécanismes du pastiche, à souligner les références
implicites et explicites, et à approfondir la compréhension du style de l’auteur original. Elles
transforment ce recueil en une petite étude des voix littéraires qui m’ont inspiré.
J’espère que ce voyage à travers ces pastiches de Proust par Smat vous offrira autant de
plaisir à la lecture qu’il m’en a procuré à l’écriture. Puissiez-vous y retrouver l’écho de ces
grandes voix et redécouvrir, à travers ces jeux de miroir, la richesse intemporelle de la
littérature.
La première page
Dans un des derniers mois de l’année 2007, dans l’arrière-salle moite d’une agence de la chance du centre-ville, où se pressait alors la fine fleur de l’aristocratie tunisienne — celle des coureurs de jupons, des notables déclassés et des ministres à la retraite — s’infiltra un certain Monsieur Smart, contemplateur des agitations humaines, analyste des humeurs, des rumeurs, des frénésies et des ambitions. Ce dandy, mondain et quelque peu snob, physicien des âmes et poète des désirs modernes, croyait entendre, dans le cliquetis des billets et le frémissement des affiches publicitaires, le bruissement d’une criminalité douce, presque mondaine. Cravaté, corpulent, en apparence détaché du monde, mais secrètement rongé par les tentations du calcul, notre protagoniste additionnait, spéculait, reculait, avançait — un funambule des intérêts particuliers. Il travaillait sa clientèle comme un marionnettiste polit ses ficelles : méthodiquement, au rythme des saisons et des gratifications. Comprendre ce conte fantastique — cette fable financière d’une ironie aussi cruelle que savoureuse — exige un détour par les arcanes d’un passé révolu, et les anticipations d’un avenir en dérive. Un monde où les trésoriers dansaient avec les rois du faux-semblant, dans un bal masqué de billets et de bijoux, de palais et de mirages. Peut-être seuls Scarron ou Mascaron auraient su ciseler les grotesques de cette fresque sociale — ces saturnales de la vanité moderne, où les ignorants règnent en maîtres sur les sceptres de la finance et les fumées de l’illusion. Jean-Paul Smart, notre chroniqueur impassible, se servait de Monsieur Barbare — homme lunaire, baroque, flamboyant, qui aurait pu naître Gérard de Nerval ou Karl Marx, selon l’angle de l’étoile sous laquelle il fut conçu. Avant la Révolution, avant la Fête des Barbare’s, ces géants du gaspillage féodal négociaient châteaux, yachts, illusions et chansons au comptoir des rêves fanés. Un arrivisme effréné, digne des pages de La Fille d’Ève ou de La Maison Nucingen, gouvernait les faits et gestes de ces satrapes du hasard. Le présent récit — ou plutôt cette mosaïque d’instants, de prétentions, de figures, de rebonds, de méprises — n’est, au fond, qu’un sujet de Méditation, au sens où l’entendait Descartes : un miroir posé sur l’intuition, l’imagination et la déraison humaine.
Nom : SMAT
Prénom : ZIED
Statut : Chercheur
Diplôme : Doctorat en littérature française
Etudes et centres d’intérêt :
Le style de Marcel Proust
Les techniques de l’intertextualité
L’intelligence émotionnelle : théories et pratiques scientifiques et pédagogiques