Thème :
Littérature Erotique
La quatrième de couverture
Au banquet des puissants, dans l’intimité d’une geôle ou dans les salons dorés d’un ministère, le même démon rôde : celui de Vénus.
Tour à tour grotesques, cruelles et étrangement sensuelles, ces trois nouvelles mettent en scène des hommes prisonniers de leurs obsessions et des femmes qui en détiennent les clés, de l’enchaînement volontaire à la mutilation politique, en passant par l’orgie décadente.
Avec une verve satirique et un humour noir ravageur, Leo Carleroy dévoile un univers où le sexe et le pouvoir se confondent, où le rire grince, et où la chair finit toujours par se payer.
Leo Carleroy est l’auteur d’une œuvre multiple, à la croisée du roman noir, de la satire et du récit existentiel. Son univers met en scène des personnages en marge, tiraillés entre passions destructrices, illusions sociales et quêtes impossibles.
Après Ante Portas, Le Roman d’un Loser, Chez Charly, Dent pour dent et La Mort en Farce, il poursuit avec Le Démon de Vénus son exploration des zones troubles de l’âme humaine, oscillant entre ironie et noirceur.
AVERTISSEMENT : des scènes ou des propos peuvent heurter la sensibilité des lecteurs
La première page
Chaque année, au début du mois d’avril, le Collège des Rédacteurs Honoraires tenait son Assemblée Générale au Démon de Vénus, une auberge rustique spécialisée dans les Noces et Banquets.
À vrai dire, on bâclait un peu l’ordre du jour. Pourtant, cette année-là comme les précédentes, Robert Petitjean, conseiller fiscal émérite, demanda la révision de l’Article 3 des statuts. Abusivement procédurier, il termina comme suit une éprouvante harangue de dix bonnes minutes : « Mes chers Collègues, vous devez en convenir, le maintien de l’Article 3 en ces termes constitue à tout le moins une forfaiture ! »
Forfaiture ! Dès que ce mot scandaleux fut lâché, le Président Lauriston se dressa comme un diable et, rajustant son nœud papillon à pois blancs, fit sa réponse habituelle, d’une voix grave, ample et pacificatrice : « Mes bien chers Collègues, il y a beaucoup de bon sens dans le raisonnement qui vient d’être exposé avec son talent coutumier par notre éminent collègue. N’oublions pas quel excellent fiscaliste il fut, ni son habileté diabolique à détecter la plus infime faille d’un texte de loi… Mais trêves d’arguties ! Vous venez de nous démontrer, et avec quel brio, que ce point sensible de nos statuts exige de notre part l’attention la plus extrême ! Il faut en effet se donner le temps de la réflexion. Vous le savez trop bien, le temps se venge toujours de ce que l’on fait sans lui ! Prendre la mesure du problème, proposer les adaptations adéquates mérite que l’on s’y consacre avec rigueur et acharnement. Il faut se donner le temps de la réflexion et de la rigueur. C’est une question que l’on ne doit pas bâcler, vous en conviendrez, mon cher Petitjean ! C’est pourquoi je propose à notre honorable Assemblée le renvoi de la discussion de ce point, épineux s’il en est, à une date plus opportune.
