Thème :
Littérature
La quatrième de couverture
Que s’est-il passé au Pérou dans les années quatre-vingts, quatre-vingt-dix ? Le mouvement maoïste du Sentier Lumineux a initié un cycle de violences inouïes, qui a duré presque vingt ans, et qui a fait environ soixante-dix-mille morts dont les guérilleros et l’armée partagent la responsabilité. Qui se souvient ici, en Europe, d’Abimael Guzman, ou d’Alberto Fujimori ?
Des crimes de masse ont été commis. Quelles sont les raisons qui ont engendré cette violence extrême ?
Cette question, le narrateur se l’est également posée, après les attentats de novembre 2015, à Paris. Mais le Pérou, et les péruviens, ne se résument pas à cette question. D’autres interrogations vont croiser la route du narrateur, et l’emmener sur des chemins qu’il ne faisait qu’entrevoir.
En parallèle à son voyage, le narrateur dresse le portrait d’un Pérou mystérieux, plein de contradictions, de violences, mais aussi de légendes, d’animaux, de mythes, et de fêtes où les personnages tissent peu à peu la trame d’un autre univers. Un univers luxuriant, où la puissance de la « nature » assigne à l’être humain une autre place que celle qu’il s’est octroyée dans le monde occidental.
La première page
Le roulement assourdissant de la pluie sur le feuillage épais vient de s’arrêter, aussi brusquement qu’il avait commencé. Les dernières gouttes dégringolent de feuille en feuille depuis le sommet de la canopée, et disparaissent sans bruit dans la pénombre du sous-bois. Pendant quelques secondes, un étrange silence se répand partout, entre les arbres, comme une flaque d’huile à la surface des eaux noires. Insectes, grenouilles, serpents, singes et perroquets, tous retiennent leur souffle, comme figés, englués dans l’attente d’un drame. Puis, d’un seul coup, comme à l’annonce d’un bouillonnement invisible, tous les habitants de la forêt reprennent subitement leur instrument, et chacun souffle, gratte, frotte, et joue sa propre partition, livré à lui même, sans direction et sans unité, dans l’orchestre frénétique de la forêt amazonienne. Les sons explosent de toutes parts, stridulations d’insectes, grésillements haletants des cigales, coassements rythmiques des grenouilles et des crabes, criailleries des singes-écureuils, grognements sourds de quelques mammifères, piaillements énervés et battements d’ailes vibrant dans les hauteurs, se répètent, se superposent, se répondent, se mêlent au froissement des branches agitées par le vent, aux craquements des arbres, au ruissellement de l’eau et fusionnent dans un concert anarchique, un cri primitif, venu du fond des âges, qui semble ne jamais devoir s’arrêter, comme celui de l’enfant qui respire pour la première fois.
🎓Ambassadeur Edition999
Après une maîtrise de lettres modernes, débouchant sur une impasse professionnelle, j’ai effectué un virage à 180 degrés pour devenir technicien dans l’industrie. Ce qui m’a permis de voyager, notamment en Irak et dans le maghreb. En 2013, j’ai quitté mon poste d’ingénieur et la vie...
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30 décembre 2024, par JuJu
Merci pour ce texte puissant, éclairant et dépaysant. On s’interroge, on s’émeut, on voyage, on aimerait que ça dure encore !