Thème :
Littérature
La quatrième de couverture
Dans ce prochain futur, les femmes règnent sur le monde devenu féminin. Sur les lieux d’anciens drames, une escouade de chercheuses interrogent le passé pour résoudre un étonnant problème d’Histoire : à quels faits lointains leur société actuelle doit-elle sa liberté ?
Dans cette société étonnante mais bien assise, plus d’hommes de pouvoir, plus d’armées ni de guerres, la paix règne depuis longtemps.
Ces femmes du futur gèrent aussi bien le présent que la pérennité de leur société ; elles savent qu’elles ont devant elles une éternité collective pour jouir sereinement de la vie.
Certaines sont plus curieuses, elles veulent comprendre comment s’est déroulée cette mutation, guère plus éloignée de nous que notre sanglante Révolution. Elles apprennent que des drames ont fait disparaître des indices, mais quand on cherche bien, on trouve.
La première page
AVEC LES ENFANTS
5 Juin 2334
« Oh !!! C’est beau ! Regarde, maman Cécile… c’est la ville qu’on voit, au milieu !
– Mais oui, Rosine, c’est Mostar, c’est notre ville !
– Mais… ces petites maisons, elles sont comme mes jouets,
mais… là, c’est tellement beau ! Et nous, on est où ?
– D’ici, on ne peut pas voir la maison, ma chérie, elle est sur
une butte qui est derrière cette colline, là-bas…
– Ah… Oh, sur la route, on voit les camions qui avancent
lentement… ils se croisent ! Et les cabs qui volent dans tous les sens… ils sont tout petits… Oh, mais… Regarde, on voit même des petits personnages… Ils sont tout petits, ils bougent tout doucement, eux aussi… Oh un éclair !
– Ah… quelqu’un a dû fermer une fenêtre…
– Ah, oui… c’est vrai, on vit, dans notre ville !… Alors la
rivière qui brille, là, c’est la Neretva ?
– Oui, bien sûr…
– Ah oui… et je vois un gros camion sur le vieux pont…
Mais… tout ce petit monde qui bouge devant nous, tout doucement… c’est incroyable ! Regarde, les montagnes, tout au fond, elles sont toutes blanches !
– Eh oui, ma chérie, on est presque en automne, la neige est déjà tombée…
– Oh… mais c’est tellement beau, maman Cécile ! »
Avec la résolution d’atteindre la table d’orientation et son merveilleux point de vue, elles avaient bravement gravi la colline jusqu’au sommet. La petite Rosine s’était bien un peu accrochée à la poussette où dormait sa petite sœur Violette, mais tout en bavardant calmement, elles ont fini par atteindre le promontoire, d’où le ravissement a saisi la fillette devant l’immense paysage qui encadrait la ville. Son babillage d’enfant exalté n’en finissait pas, elle désignait à sa mère les édifices, les palais, les voies rapides, les véhicules roulants, les cabs volants, les canots sur la retenue du fleuve… Elles s’amusaient toutes deux à imaginer ce que pouvaient bien faire tous ces petits personnages dont l’activité lointaine paraissait dérisoire.
Cécile est étonnée devant cet intérêt d’une fillette d’à peine quatre ans pour sa ville, Mostar, où elle avait ancré toute sa vie, et d’où était née la nouvelle sagesse pour s’étendre au monde entier. Souvent hantée par les drames du passé, elle voit aussi, devant l’équilibre de sa cité, l’image exemplaire de l’équilibre du monde, et du bonheur de vivre universellement accessible, à perte de vue dans le temps et dans l’espace.
Cécile est aussi heureuse devant l’éveil précoce de la sensibilité de sa fille ; dans cette qualité elle voit les prémices d’une vie riche… et la voilà assaillie de pensées graves, tentée de faire un bilan du bonheur dont elle se sent si pleine à cet instant. Mais cet instant ne s’y prête guère, pas plus que l’endroit, Rosine continue d’égrener ses délicieux commentaires et elle tient à y rester attentive… mais le vent se lève, il va falloir redescendre.
Ingenieur retraité, j’ai été bouleversé par la fin de notre XX° siècle dont les drames sont dûs uniquement à la malfaisance des hommes, jamais aux femmes. J’ai donc écrit un ouvrage, roman et anticipation, décrivant les mutations qui se préparent pour aboutir à un univers féminin.
Ce livre a été...