Thème :
Policier et suspense
La quatrième de couverture
Après un braquage sanglant, Bobby et Tino, deux truands à la petite semaine, s’arrêtent dans un motel décrépit perdu au bord de la route : Chez Charly. Ils y rencontrent Érica, une barmaid sensuelle et désabusée, qui rêve d’évasion. Tandis que les deux hommes fantasment sur une retraite dorée, Érica, marquée par une enfance abominable et un mari violent, ourdit un plan pour changer de vie. Le désir, l’argent et la vengeance s’entremêlent dans ce huis clos brûlant.
La première page
Les deux hommes avaient roulé toute la nuit sur des petites routes. Il n’était que dix heures ce matin-là mais il faisait déjà très chaud dans l’automobile, un break Peugeot, dépourvue de climatisation. Ils suffoquaient. Tenaillés par la soif, ils décidèrent de s’arrêter dès que possible. Sur le bas-côté, un panneau à la peinture écaillée indiquait : Chez Charly 5 kilomètres.
— Quel bol ! Y a un putain de troquet ! s’exclame Bobby. On va pouvoir s’en jeter un ! J’ai une de ces putains de soif ! La gueule en feu, mon pote ! Comme Jésus-Christ sur sa croix
— Putain, mon pote ! Arrête de blasphémer, nom de Dieu ! s’exaspère Tino.
Tino n’était pas du genre Tino Rossi à chanter Petit Papa Noël. Sa hotte n’était pas remplie de cadeaux, hormis quelques marrons dispatchés de ci de là, mais bourrée d’énormes péchés mortels et bourrelée de remords. Il aurait bien aimé se faire absoudre car il croyait à la vie éternelle. Avec son pedigree, pas l’ombre d’un doute, on lui trouverait une belle place bien au chaud au tréfonds de l’enfer. C’était comme ça. Il n’y pouvait rien. Aucun avocat ne plaiderait la cause de ce mauvais sujet le jour du Jugement dernier. Tout en conduisant, Tino tripotait l’autoradio. Il cherchait Canal Rock, sa station préférée. L’automobile fit une embardée.
— Putain de Rital ! s’exclame Bobby. Tu vas nous envoyer dans le décor ! Arrête, j’te dis, avec c’putain d’autoradio !
— Lâche-moi la grappe, bordel de merde ! J’suis pas ton putain de fils ! T’as pas d’ordres à me donner ! Compris ! Je cherche Canal Rock !
Tino finit par accrocher sa station favorite au moment où l‘animateur annonçait Jailhouse Rock, par Elvis.
— Tu vois, putain ! Jailhouse Rock ! s’exclame Tino d’un ton enjoué.
— Un mauvais présage, putain ! marmonne Bobby. Et pis merde, c’est pas une raison pour nous planter ! Pas avec tous ces biffetons dans le coffre !

8 septembre, par Michel
Il aurais été intéressant de savoir où se passe l’histoire au Canada, en Europe ?
^ 5 novembre, par Leo Carleroy
Merci pour votre question.
L’image évoque très clairement l’Amérique rurale — plus précisément les États-Unis, et plutôt le Midwest ou le Sud.Voici pourquoi :
Le motel portant un nom peint en grandes lettres (« Chez Charly ») rappelle les road motels américains en bord de route.
Les bières en bouteilles longneck, servies directement au comptoir.
La barmaid blonde stylisée façon American diner / roadhouse.
Les deux hommes épuisés par la route, ambiance truckers ou ouvriers saisonniers.
La lumière matinale, le bois chaud, et le ventilateur au plafond évoquent autant les bars du Sud (Texas, Nouveau-Mexique, Arizona) que ceux du Middle America.
Cordialement. Leo
Même si le nom « Chez Charly » est francophone, la composition et la grammaire visuelle restent très américaines.
Cela donne l’impression d’un auteur francophone qui situe son roman dans une Amérique fantasmée, à la manière de Manchette, Carver traduits par Gallimard, ou les romans noirs « américains » écrits par des auteurs français.
Conclusion :
→ États-Unis, probablement le Sud ou le Midwest rural.
→ Un décor de road-trip poussiéreux, noir social, ambiance bar de fin de nuit à dix heures du matin.