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Le Crépuscule de l’Homme (2012)
Description
Dans un long couloir, froid et lugubre, deux infirmières, en blouse blanche impeccable, se mettent à parler à haute voix. Sais-tu, dit l’une d’elles, à la voix pincée, des petites lunettes rondes sur un nez aquilin, à quelle heure débute son émission télévisée ? Ah oui... vingt-heures...vingt heures trente, je crois… répond l’autre plutôt rondouillarde et à la voix éraillée avant d’ajouter... c’est vrai, tu as raison ! J’avais complètement oublié ! Je me souviens maintenant, cela commence à vingt heures trente juste après que le journal soit fini. Pour tout te dire, ce vieux grincheux m’énerve de plus en plus avec son émission culturelle. Moi aussi et j’aimerais parfois qu’il soit déjà autre part… L’infirmière aux lunettes se met à soupirer. Hélas, que veux-tu y faire, c’est notre travail et nous n’avons pas vraiment le choix, mais, pour le moment, il ne faut surtout pas qu’il la rate son émission, car il n’est déjà pas d’ordinaire facile et si cela devait arriver, cela ne ferait qu’empirer son fichu caractère, même s’il ne parle plus depuis bien longtemps à cause de son opération de la gorge et qu’il ne peut désormais que grommeler. Il serait intenable et nous aurions très certainement à supporter sa mauvaise humeur jusqu’à l’émission de la semaine suivante ! Elle réajuste ses lunettes avant d’ajouter Ne t’en fais pas, continue-t-elle, je vais m’occuper de cette corvée, mais j’ai besoin de toi pour l’installer de son lit sur le fauteuil roulant, car il pèse lourd le sacré bonhomme ! Pour le reste, je le conduirai moi-même dans le salon. Oui, c’est gentil de ta part. La semaine prochaine ce sera mon tour. Je vais donc t’aider à le porter. Alors, pressons-nous, car le temps passe et, après lui, il me reste encore pas mal de pensionnaires à voir. Et voilà nos deux infirmières qui marchent d’un pas rapide vers la chambre du vieux monsieur. On entend leurs pas résonner dans le long couloir du troisième étage de l’hôpital.